3 - La SuBréalité de l’art institutionnel Français
Voici plus de 30 ans que l’art en vogue d’alors a été couronné par les institutions
Française comme art contemporain incontournable, figeant son choix dans une
résurgence d’art académique Français version conceptuel - minimaliste.
«La peinture académique, émanation directe des règles strictes du
classicisme et du néoclassicisme, constitue en quelque sorte l'antithèse
exacte de l'art contemporain mais avec toutefois un point commun de
taille, celui d’être ou d’avoir été soutenu par des institutions. Et une
différence d’importance :
- l’adhésion du public pour la peinture académique mais son rejet ou son
ignorance de l’art contemporain. Le parallèle entre la situation des artistes
officiels d'aujourd'hui, c'est-à-dire les "conceptuels - minimalistes", avec
ceux de la Troisième République, les "pompiers", est devenu incontestable
et l'on peut parfaitement penser que cet "art contemporain" connaîtra lui
aussi un discrédit. »
Marc Verat
Ce texte prémonitoire qu’avalisera la nouvelle vague figurative des galeries
Londoniennes sera suivi au début de ce siècle par les galeries Parisiennes avec plus de
10 ans de retard.
Seule l’exception française a persévéré à soutenir ces « Pompiers minimalistes » en
continuant de doper ce marché devenu fictif, à doses d’achats institutionnels des
Drac, Frac, en totale déconnection du marché réel international de l’Art et des
collectionneurs privés.
Les galeries suiveuses parisiennes non subventionnées par les achats publics mais
soutenues par cette mode étatique avaient poussées comme des champignons rue
Quincampoix et rue Keller à Paris dans les années 1980 – 1990.
Le krach de la spéculation de l’art moderne et contemporain après la guerre du golf
(1991) à sonné le glas de cet engouement. Les collectionneurs ont commencés à
douter de la vraie valeur de leur collection, basé sur un discours conceptuel, clef de
voûte et justification de l’œuvre même. Cependant que La plupart des galeries
historiques parisiennes se félicitaient de l’épuration du marché des concurrents
opportunistes des années fastes, elles n’ont pas senti la mode s’inverser et se sont
révélées incapables de remettre en cause leur choix, trompées par les directives de
l’art institutionnel Français de cette période c'est-à-dire l’art minimaliste et conceptuel.
En pénurie de collectionneurs, elles se sont épuisées en espérant des jours meilleurs,
elles ont été finalement décimées. Les galeries du quartier Saint germain des près qui
encadrent l’Ecole Supérieur des Beaux-arts se sont montrées plus pragmatiques,
beaucoup se sont reconverties dans le commerce de l’art premier.
Tandis qu’à Londres les collectionneurs Lassés des discours pontifiants, placebo d’une
œuvre fantomatiques ont incités de nombreuses galeries à rechercher un art construit
auto- démonstratif composé d’une émotion visuelle ou tactile dans une nouvelle
dimension sacré et païenne révélé par la technique traditionnelle de peintre ou de
sculpteur.
En France, l’Etat providence ne pouvait à lui seul être l’unique collectionneur comme
l’avaient rêvé certains utopistes.
Après la 2ème guerre mondiale, avec les nationalisations des Banques, de l’industrie
lourde, il était logique que l’art soit aussi quasiment nationalisé dans le giron du
nouveau ministère de la culture. Ce système a permis à la France de relever sa culture
avec son économie, d’entreprendre de grands travaux architecturaux, de générer des
commandes monumentales publiques, de développer le 1/%à la construction dévolue
à la création d’œuvres d’art dans les bâtiments publics ou les sociétés nationalisées.
« Le choix du prince » lorsqu’il était impulsé par une personnalité aussi cultivée et
clairvoyante que Malraux s’est montré très positif pour le rayonnement pluriculturel de
l’art Français.
Avec les dénationalisations industrielles et bancaires, le ministère de la culture s’est
trouvé orphelin et coupé de ses commanditaires attitrés. Ayant perdu son fondateur
charismatique historique, il devint un Portefeuille ministériel de parade, barricadé
derrière ses fonctionnaires et autre chefs de cabinet. Tour d’ivoire d’une féodalité
artistique étatique qui a produit son corollaire d’inertie, d’immobilisme, d’abus,
d’artistes protégés (les pompiers minimalistes), de passes droits, ainsi que sa liste
d’artistes exclus persona non grata ( les artistes figuratifs).
Dans ce contexte, il est logique que l’art en France soit resté sur le quai pendant que la
figuration reprenait ses droits sur les places internationales de l’art.
Le bilan de cet entêtement Féodal pour cette mode étatique est catastrophique : La
France avait perdu sa place de leader d’art contemporain dans le monde, elle perdit
également sa primauté en Europe au profit de la Grande Bretagne.
Les chiffres du marché de l’Art sont à ce titre éloquents : les Américains représentent
46,95 % du marché mondial de l'art, en hausse de 7 % entre 1998 et 2001. Les
Européens (les 15) 42,46 %, en baisse de 7,2 % dans la même période. Encore faut-il
traiter la Grande-Bretagne à part, avec 25,28 % à elle seule (plus de la moitié du
marché des 15), en hausse de 1,6 %. A titre de comparaison, le marché français ne
représente plus que 7,58 % du total, en baisse de 20,8 %.
Dans les foires internationales inexorablement, le vent tournait, et avec le vent, les
critiques d’art qui jadis encensaient ces « pompiers minimalistes » se montraient de
plus en plus virulent à l’encontre de ceux la même qu’ils avaient jadis adulés.
Enfin les derniers bastions de l’art « pompier minimaliste » ont fini par rendre les
armes.
Combat d'anges - marbre de carrare
Ainsi la célèbre galerie Templon dont le directeur Daniel Templon, cofondateur du
magazine Art Press, défenseur depuis 1966 de l'art minimal et conceptuel français et
international a fait ces dernières années un revirement à 180 degrés en présentant
des artistes figuratifs talentueux à l’expression originale d’une dimension sacré
retrouvée, étayée par un métier peinture –peinture à l’huile.
Pour preuve sa dernière exposition des toiles de Gérard Garrouste « L ânesse et la
figue » de 2006 a fait un véritable tabac par la vente quasi-totale de toutes les
œuvres exposées. Ce qui par les temps de crise de l’art en France fût un véritable
exploit. Le changement d’axe pour sa nouvelle ligne figurative s’est avalisé par le
succès de sa dernière exposition (juin –juillet 2007) du jeune peintre Berlinois Ulrich
Lamsfus (Né en 1971) à la technique de peinture à l’huile remarquable.
Dans le même temps j’ai constaté que des œuvres conceptuelles éphémères se
faisaient figuratives bien que le principe de leur sélection de l’académisme pompiers
minimaliste resta le même : tout et n’importe quoi pourvu que ce ne soit jamais vu,
jusqu’au nihilisme de l’œuvre, au profit d’un discours soporifique …
A la dernière exposition des acquisitions de la Frac Ile-de-France (2007) plusieurs
œuvres conçues sur le même principe, une structure en poli éthane recouvert de
mousse à raser qu’il convient de renouveler tous les 3 jours sous peine de
déliquescence.. Tout cela pour donner l’illusion d’une sculpture de caniche blanc
intouchable évidement.
On le voit bien ici, ce n’est pas la figuration, l’abstraction, le conceptuel - minimalisme
qui est en cause, c’est surtout le support technique indispensable à toutes expression
artistique, à toutes œuvres pérennes et à l’adhésion d’un large publique. Le métier
évident qui faisait la force de l’art académique des Bouguerau, Cabanel a fait la
faiblesse de la plupart de leurs homologues « pompiers minimalistes » contemporains.
Quel collectionneur se porterait acquéreur d’une œuvre aussi éphémère et fragile
qu’un caniche - mousse à raser dont l’entretien demanderait le stock d’un grossiste ?
Seul l’Etat qui n’est pas ici l’Etat mécène, mais bien l’Etat vieux protecteur version
Feydeau trompé et envoûté par l’hypnose culturelle d’une gourgandine aux allures de
vielle sorcière, qui amasserait dans ses réserves, près de 30 ans de mauvaise
verroterie. (Oeuvres dont l’histoire ne retiendra rien, ni l’émotion, la poésie ou la
technique du savoir faire.
Prions pour que cette situation cesse, comme le souhaite le fameux sculpteur
Ousmane Sow
« J’espère que le temps des artistes qui n’ont rien à dire et qui le disent
très fort va se terminer »
Une page se tourne, les discours alibi prise de tête n’ont plus cours dans le marché de
l’art international. Seuls certains « pompiers minimalistes » historique et
emblématique parviennent à limiter la casse.
Le métier au service de la poésie du rendu de l’émotion à la périphérie d’une dimension
sacré, d’une idolâtrie plastique du beau et du bon du rayonnant a repris le pouvoir.
De nouveaux acteurs décisionnaires partisans de l’ouverture remplacent peu à peu les
fonctionnaires du ministère de la culture formé à l’école féodale des années 1980. De
cette époque un certains nombre de lois en faveur de l’art contemporain dans le
domaine privé se sont avérées inapplicables et inefficaces laissant les mains libres au
monopole du mécénat de l’Etat providence.
Souhaitons que la nouvelle vague de décideurs persévèrent dans l’ouverture et les
avancés fiscales au profits de la promotion de l’art. Leur premier fait d’arme est une
avancée significative destinée aux entrepreneurs ( loi de 2005) qui assouplit les
conditions d’exposition des œuvres d’art achetées par l’entreprise aux artistes vivants
(amortissable sur 5 ans)…. Il serait vital que cette mesure bénéficie d’une large
publicité. ..
Au début du siècle dernier, rien ne pouvait émergé dans le domaine de l’art sans
passer par Paris. Mirage qui perdure dans le cœur de beaucoup d’artistes du monde
entier qui rêvent d’exposer en France à la recherche de la consécration suprême. Ce
songe subréaliste nous amène une profusion de talents qui en touchant au but, se
désespèrent devant la faiblesse du marché Français.
Pour remettre en adéquation l’offre artistique avec les collectionneurs privés, il serait
idéal de ramener l’amortissement linéaire actuel, en amortissement dégressif sur 5
ans, ou encore de ramener à 3 ans cet amortissement linéaire.
C’est une évolution indispensable pour que la France retrouve son rayonnement au
niveau de l’art contemporain et ne soit plus sous perfusion du seul Etat providence, les
entreprises industrielles ainsi que les PME ont un potentiel immense d’acquisition
quasiment inexploité, leur rôle est déterminant dans l’émergence de nouvelles
collections privées qui sera le gage d’une diversité artistique en phase avec le marché
international de l’art et des collectionneurs.