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Le blog du sculpteur Jacky Kooken

3 - La SuBréalité de l’art institutionnel Français

18 Août 2008 , Rédigé par Jacky Kooken Publié dans #POLEMIQUE - CRITIQUE

Voici plus de 30 ans que l’art en vogue d’alors a été couronné par les institutions

Française comme art  contemporain incontournable, figeant son choix  dans une

résurgence d’art académique  Français version conceptuel - minimaliste.

 

«La peinture académique, émanation directe des règles strictes du

classicisme et du néoclassicisme, constitue en quelque sorte l'antithèse

exacte de l'art contemporain mais avec toutefois un point commun de

taille, celui d’être ou d’avoir été soutenu par des institutions. Et une

différence d’importance :

- l’adhésion du public pour la peinture académique mais son rejet ou son

ignorance de l’art contemporain. Le parallèle entre la situation des artistes

officiels d'aujourd'hui, c'est-à-dire les "conceptuels - minimalistes", avec

ceux de la Troisième République, les "pompiers", est devenu incontestable

et l'on peut parfaitement penser que cet "art contemporain" connaîtra lui

aussi un discrédit. »

Marc Verat

Ce texte prémonitoire qu’avalisera la nouvelle vague figurative des galeries

Londoniennes sera suivi au début de ce siècle  par les galeries Parisiennes avec plus de

10 ans de retard.

 

Seule l’exception française a persévéré à soutenir ces « Pompiers minimalistes » en

continuant de doper ce marché devenu fictif,  à doses d’achats institutionnels  des

Drac, Frac,  en totale déconnection du marché réel international  de l’Art  et des

collectionneurs privés.

 

Les galeries suiveuses parisiennes non subventionnées par les achats publics mais

soutenues par cette mode étatique  avaient poussées comme des champignons rue

Quincampoix et rue Keller à Paris dans les années 1980 – 1990.

 

 Le krach de la spéculation de l’art moderne et contemporain  après la guerre du golf

(1991) à sonné le glas de cet engouement. Les collectionneurs ont commencés à

douter de la vraie valeur  de leur collection, basé sur un discours conceptuel, clef de

voûte et justification de l’œuvre même. Cependant  que La plupart des galeries

historiques parisiennes se félicitaient de l’épuration du marché des concurrents

opportunistes des années fastes, elles n’ont pas senti la mode s’inverser et se sont

révélées incapables de remettre en cause leur choix,  trompées par les directives de

l’art institutionnel  Français de cette période c'est-à-dire l’art minimaliste et conceptuel.

En pénurie de collectionneurs, elles se sont épuisées en espérant des jours meilleurs,

elles ont été finalement  décimées. Les galeries du quartier Saint germain des près qui

encadrent l’Ecole Supérieur des Beaux-arts se sont montrées  plus pragmatiques,

beaucoup se sont reconverties dans le commerce de l’art premier.

 

 Tandis qu’à Londres les collectionneurs  Lassés des discours pontifiants, placebo d’une

œuvre fantomatiques ont incités de nombreuses galeries à rechercher un art construit

auto- démonstratif composé d’une émotion visuelle ou tactile dans une nouvelle

dimension sacré et païenne  révélé par la technique traditionnelle de peintre ou de

sculpteur.

 

En France, l’Etat providence ne pouvait à lui seul  être l’unique collectionneur comme

l’avaient rêvé certains utopistes.

Après la 2ème guerre mondiale, avec les  nationalisations des Banques, de l’industrie

lourde, il était logique que l’art soit aussi quasiment nationalisé dans le giron du

nouveau ministère de la culture. Ce système a permis à la France de relever sa culture

avec son économie,  d’entreprendre de grands travaux architecturaux, de générer des

commandes monumentales publiques, de développer le 1/%à la construction dévolue

à la création d’œuvres d’art dans les bâtiments publics ou les sociétés nationalisées.

 

« Le choix du prince » lorsqu’il était impulsé par une personnalité aussi cultivée et

clairvoyante que Malraux s’est montré très positif pour le rayonnement pluriculturel de

l’art Français.

 

Avec les dénationalisations industrielles et bancaires, le ministère de la culture s’est

trouvé orphelin et coupé de ses commanditaires attitrés. Ayant perdu son fondateur

charismatique  historique, il devint un Portefeuille ministériel de parade, barricadé

derrière ses fonctionnaires et autre chefs de cabinet. Tour d’ivoire d’une féodalité

artistique étatique qui a produit son corollaire d’inertie, d’immobilisme, d’abus,

d’artistes protégés (les pompiers minimalistes), de passes droits,  ainsi que sa liste

d’artistes exclus persona non grata ( les artistes figuratifs).

 

Dans ce contexte, il est logique que l’art en France soit resté sur le quai pendant que la

figuration reprenait ses droits sur les places internationales de l’art.

 

Le bilan de cet entêtement Féodal pour cette  mode étatique est catastrophique :   La

France avait perdu sa place de leader d’art contemporain dans le monde, elle perdit

également sa primauté en Europe au profit de la Grande Bretagne.

Les chiffres du marché de l’Art sont à ce titre éloquents : les Américains représentent

46,95 % du marché mondial de l'art, en hausse de 7 % entre 1998 et 2001. Les

Européens (les 15) 42,46 %, en baisse de 7,2 % dans la même période. Encore faut-il

traiter la Grande-Bretagne à part, avec 25,28 % à elle seule (plus de la moitié du

marché des 15), en hausse de 1,6 %. A titre de comparaison, le marché français ne

représente plus que 7,58 % du total, en baisse de 20,8 %.

 

Dans les foires internationales inexorablement,   le vent tournait, et avec le vent, les

critiques d’art qui jadis  encensaient ces «  pompiers minimalistes » se montraient de

plus en plus virulent à l’encontre de ceux la même qu’ils avaient jadis adulés.

 

Enfin les derniers bastions de l’art «  pompier minimaliste  » ont fini par rendre les

armes.

Combat d'anges - marbre de carrare

Ainsi la célèbre galerie Templon dont le directeur Daniel Templon, cofondateur du

magazine Art Press, défenseur depuis 1966 de l'art minimal et conceptuel français et

international a fait ces dernières années un revirement à 180 degrés en présentant

des artistes  figuratifs talentueux à l’expression originale d’une dimension sacré

retrouvée, étayée par un métier peinture –peinture à l’huile.

Pour preuve sa dernière exposition des toiles de Gérard Garrouste « L ânesse et la

figue » de 2006 a fait un véritable tabac  par la vente quasi-totale de toutes les

œuvres exposées. Ce qui par les temps de crise de l’art en France fût un véritable

exploit.  Le changement d’axe pour sa nouvelle ligne figurative s’est avalisé par le

succès de sa dernière exposition (juin –juillet 2007) du jeune peintre Berlinois Ulrich

Lamsfus (Né en 1971) à la technique de peinture à l’huile remarquable.

 

Dans le même temps j’ai constaté que des œuvres conceptuelles éphémères se

faisaient figuratives bien que le principe de leur sélection de l’académisme pompiers

minimaliste resta le même : tout et n’importe quoi pourvu que ce ne soit jamais vu,

jusqu’au nihilisme de l’œuvre, au profit d’un discours soporifique …

 

A la dernière exposition des acquisitions de la Frac Ile-de-France (2007) plusieurs

œuvres conçues sur le même principe, une structure en poli éthane recouvert de

mousse à raser qu’il convient de renouveler tous les 3 jours sous peine de

déliquescence.. Tout cela pour donner l’illusion d’une sculpture de caniche blanc

intouchable évidement.

 

On le voit bien ici, ce n’est pas la figuration, l’abstraction, le conceptuel - minimalisme

qui est en cause, c’est surtout le support technique indispensable  à toutes expression

artistique, à toutes œuvres pérennes et à l’adhésion d’un large publique. Le métier

évident qui faisait la force de l’art académique des Bouguerau, Cabanel a fait  la

faiblesse de la plupart de leurs homologues « pompiers minimalistes » contemporains.

 

Quel collectionneur se porterait acquéreur d’une œuvre aussi éphémère et fragile

qu’un caniche - mousse à raser dont l’entretien demanderait le stock d’un grossiste ?

Seul l’Etat qui n’est pas ici l’Etat mécène, mais bien l’Etat vieux protecteur version

Feydeau trompé et  envoûté par l’hypnose culturelle d’une gourgandine aux allures de

vielle sorcière, qui amasserait dans ses réserves, près de 30 ans de mauvaise

verroterie. (Oeuvres dont l’histoire ne retiendra rien, ni l’émotion, la poésie ou la

technique du savoir faire.

 

Prions pour que cette situation cesse, comme le souhaite le fameux sculpteur

Ousmane Sow

« J’espère que le temps des artistes qui n’ont rien à dire et qui le disent

très fort va se terminer »

 

Une page se tourne, les discours alibi prise de tête n’ont plus cours dans le marché de

l’art international. Seuls certains « pompiers minimalistes » historique et

emblématique  parviennent à limiter la casse.

 

Le métier au service de la poésie du rendu de l’émotion à la périphérie d’une dimension

sacré, d’une idolâtrie plastique du beau et du bon du rayonnant a repris le pouvoir.

 

De nouveaux acteurs décisionnaires partisans de l’ouverture remplacent  peu à peu les

fonctionnaires du ministère de la culture formé à l’école féodale des années 1980. De

cette époque un certains nombre de lois en faveur de l’art contemporain dans le

domaine privé se sont avérées inapplicables et inefficaces laissant les mains libres au

monopole du mécénat de l’Etat providence.

 

Souhaitons que la nouvelle vague de décideurs persévèrent dans l’ouverture et les

avancés fiscales au profits de la promotion de l’art. Leur premier fait d’arme est une

avancée significative destinée aux entrepreneurs ( loi de 2005)  qui  assouplit les

conditions d’exposition des œuvres d’art achetées par l’entreprise aux artistes vivants

(amortissable sur 5 ans)…. Il serait vital  que cette mesure bénéficie d’une large

publicité. ..

 

Au début du siècle dernier, rien ne pouvait émergé dans le domaine de l’art sans

passer par Paris.  Mirage qui perdure dans le cœur de beaucoup  d’artistes du monde

entier qui rêvent d’exposer en France à la recherche de la consécration suprême. Ce

songe subréaliste nous amène une profusion de talents qui en touchant au but, se

désespèrent devant la faiblesse du marché Français.

Pour remettre en adéquation l’offre artistique avec les collectionneurs privés, il serait

idéal  de ramener l’amortissement linéaire actuel,  en amortissement dégressif sur 5

ans, ou encore de ramener à 3 ans cet amortissement linéaire.

 

C’est  une évolution  indispensable pour que la France retrouve son rayonnement au

niveau de l’art contemporain et ne soit plus sous perfusion du seul Etat providence, les

entreprises industrielles ainsi que les PME ont un potentiel immense d’acquisition 

quasiment inexploité, leur rôle est déterminant dans l’émergence de nouvelles

collections privées qui sera le gage d’une diversité artistique en  phase avec le marché

international de l’art et des collectionneurs.

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